Le cahier de janvier

>déconstruire la publicité

Dans les publicités des années 50 il était très courant de voir les femmes représentées comme des mères de famille au foyer qui s’occupaient de la maison, de la cuisine, des enfants en attendant toute la journée le retour de l’Homme prodigue. Et tout ça en souriant en plus. Les femmes étaient réduites au rôle d’esclave. Même si les mentalités ont quelque peu évolué depuis, il n’en demeure pas moins que la publicité repose encore sur des stéréotypes et des injonctions à être jeune, musclé·e, mince etc. Et si l’on inversait tout cela? Nous nous sommes intéressés au travail d’Eli Rezkallah et plus précisément à sa série: “In A Parallel Universe”. Dans cette série Eli Rezkallah se réapproprie et revisite des publicités des années 50 en inversant les rôles. Il dit:  « J’ai imaginé un univers parallèle, où les rôles sont inversés et où les hommes goûtent leur propre poison sexiste ». Le résultat est saisissant et interpelle. Ces images fictives font réfléchir sur le rôle de la publicité dans nos sociétés et les idées qu’elle véhicule. Pour le coup, même si les pubs actuelles semblent plus lisses le résultat, quant à lui et plus pervers. Cela est évidemment plus subtil mais tant les injonctions que les stéréotypes sont encore omniprésents. La publicité a un urgent besoin de se remettre en question dans ses codes et ce qu’elle véhicule. Vous ne pensez pas qu’il serait temps de vendre un parfum pour homme sans avoir un apollon super musclé entouré de femmes béates d’admiration ou une femme qui passe l’ aspirateur dans une maison ou une vie parfaite? Dans le fonds quelle est la différence avec les publicités des années 50? Rien à part une bonne dose d’hypocrisie.

#AllezOnSortDesStereotypes

©image Eli Rezkallah

>toi mème

La star incontestée sur les réseaux sociaux lors de nos 2’432  confinements est sans conteste le mème. Bon, il faut dire que passablement de monde a eu passablement de temps.  Combien êtes-vous à attendre impatiemment la fin de la conférence de presse du Conseil fédéral pour voir la nouvelle série de mèmes de Thomas Wiesel ?  Les mèmes de Bernie Sanders sont  devenu planétaires grâce aux internautes. Et forcément quand cela fait le buzz sur les réseaux sociaux, les marques s’en emparent.  Bernie s’en fout complètement mais le photographe Brendan Smialowski qui a fait cette image un peu moins (la dame qui a fait les moufles est ravie);  » Je n’aime pas que le travail d’un journaliste devienne un mème. […] Ce n’est pas à moi de dicter comment les gens consomment ou utilisent le journalisme, mais notre travail ne doit pas être un divertissement « . Alors un mème c’est quoi au fond ? Nina Duque, chargée de cours à l’UQAM, spécialiste des questions entourant la socialisation numérique, constate chez les internautes une envie de s’approprier l’image pour appartenir à un groupe.  » Avec ces mèmes, on veut juste se divertir et rire ensemble, note-t-elle. En partageant notre propre version, on fait réagir les amis, on crée des liens avec des inconnus. Ça nous unit« . Donc un mème c’est un art populaire du détournement qui amène humour et lien. C’est bien mais la différence entre un individu et une marque c’est qu’il n’y pas le même objectif derrière, même si au premier abord, la communication semble similaire ( ben même alors !). Alors certes l’on vit une période du tout gratuit mais le gratuit il se fait toujours au détriment de quelqu’un. C’est pas comme si Amazon, Ikea et les autres ne pouvaient pas s’offrir une image,non?

#MèmePasMalBenSiEnFait

©image toutes les marques, Bernie Sanders et Brendan Smialowski

>balance ta créativité

Les intelligences artificielles vont-elles tuer les créatif·ve·s ? Cette question ne date pas d’hier et elle est même le résultat d’une expérience qui date de 2017. Cette année là l’agence Mc Cann Japon organise une compétition entre une intelligence artificielle et leur directeur de création. L’objectif était de créer un spot publicitaire. Crime de lèse-majesté :-)! Mais dans quel but? Savoir si à terme on pourra remplacer tous les créas de l’agence par des machines. La question elle a pas été vite répondue (clin d’oeil à J-P Fanguin, bisous, bisous) car au final c’était surtout un gros coup de buzz. A ce jour il y a toujours un directeur de créa chez Mc Cann. Aujourd’hui la question se pose différemment. Le danger pour les créatif·ve·s est plus sournois qu’une intelligence artificielle et a pour nom: Logotron, Tailor brand, Templafy, Brand Crowd, Envato, Wix, filtres Instagram…la liste est longue… . On assiste à une standardisation générale de l’esthétique due en grande partie à ces outils. Ces différentes plateformes sont développées sur une base relativement simple. Un minium d’intervention possible pour éviter tout amateurisme mais au final tout professionalisme aussi.  Vous ne pouvez modifier que le stricte nécessaire ce qui fera que le résultat sera peu importe ce que vous faites, potable.  Le paradoxe de ces outils est multiple.  Plus les logos, les images sont faciles à créer, plus elles se ressemblent et moins elles nous interpellent. Ce phénomène de standardisation en vient à gangréner les agences de création. La peur de créer fait place à la standardisation, à l’uniformisation et à une forme d’autocensure chez les créatif·ve·s. Si nous prenons pour exemple les images des logos, nous constatons qu’ils sont tous le fait de plusieurs agences. Et pourtant les travaux accomplis sont tous plus ou moins de même facture. Là la question elle est vite répondue (salut J-P), la standardisation dans l’esthétique mène à une perte d’identité concrète, immédiate et visible. Le danger pour les créatif·ve·s comme pour les marques ce n’est pas l’intelligence artificielle c’est nous même et notre soumission à une esthétique standardisée et sans âme!

#DesignerCestUnVraiMetier

©image Cette page n’est plus disponible & solowork


Le cahier de novembre

l'upcycling qui sublime !

les fêlures d'or

Pourquoi nos objets préférés, une fois cassés, devraient-ils quitter nos vies et finir à la poubelle ?  Une cassure est-elle synonyme d’adieu, laissant derrière lui souvenirs ou bons et loyaux services rendus durant de longues années ? Au Japon iels ont dit non et ont développé.e.s depuis 600 ans une technique qui sublime les fêlures.  On est tombé en admiration devant cet upcycling japonais, le kintsugi, littéralement le raccommodage à l’or.  On aime cette attitude qui consiste à saupoudrer les failles et les cassures d’or plutôt qu’à les cacher. Ça paraît tellement évident, élégant, créatif et si simple à la fois: Comme une métaphore de nos existences. A quand l’upcycling horloger?

#onattendjustedecassernotrebolprefere

Pour découvrir le kintsugi c’est [ ici ]
Pour lire un article sur le kintsugi c’est [ là ]

l'écriture inclusive a sa typo !

in font we trust

On est tellement fan du projet de Tristan Bartolini. Un gros big up pour lui ! On entend le débat mais a-t’il lieu d’être quand on essaie simplement d’être plus équitable en écrivant ? Faire avancer l’équité femmes-hommes ça passe par des prises de conscience et des  actes mais aussi par notre façon d’écrire.  L’ère des typographies inclusives et non-binaires ne fait que débuter et c’est tant mieux. Reste que cela ne pourra être qu’un premier pas car l’écriture inclusive telle qu’elle est majoritairement pratiquée actuellement pose un problème d’invisibilisation des personnes non-binaires. Il reste encore du travail pour que l’écriture soit le reflet de notre société mais ça avance et c’est bien !

#helveticainclusiveetqueerceseraittop

Pour lire un article sur le travail de Tristant Bartoli c’est [ ici ]
Pour lire un article sur l’écriture épicène c’est [ là ]
Un petit manuel pour apprendre à écrire en inclusif par [ ici ]
Un petit manuel pour apprendre l’écriture Queer par [ là ]

LA GROOOOSSE COLèRE!

c'est pas celle de Stève Berclaz mais c'est pour ça que le fond est rouge

Ce post pourrait être un concours, celle ou celui qui peut nous expliquer clairement la stratégie de com de l’OFSP durant la 2ᵉ vague gagne un abo à vie pour manger des pâtes tous les vendredis chez nous. En fait c’est un peu de la triche car toi/vous qui avez tout compris n’existe·s·z pas. Franchement en tant que communicant·e·s on n’a jamais rien vu d’aussi chaotique. On l’avoue on est totalement perdu dans ce maelstrom de communication covidienne. Alors oui c’est certain que le COVID 19 c’est absolument inédit, une situation extraordinaire, totalement imprévisible, inconnu, évolutif, grave, c’est clair. Mais malgré l’exceptionnalité de la situation  ça veut pas dire qu’il faut pour autant oublier quelques règles d’or de la communication surtout quand tout ce que tu dis est décortiqué 12 secondes après que tu l’aies dit. Le manque de clarté dans l’information directe fait le lit de toutes les théories et génère de l’incompréhension parmi la population.

#cestlebinzdanslatetedetoutlemondesitespasclair